samedi 12 janvier 2008

Le carrefour des chats qui deviennent hommes

(Nous sommes au carrefour des chats qui deviennent hommes. Un chat attaché est brûlé par Geaifrier.)

Geaifrier — Mornement je te brûle, chat.

Lodoque — Il est fatal que la sauvagerie crève de contrainte et devienne le jet d'eau sucré du parc national.

Geaifrier — Le phoque le dit.

Lodoque — L'habeas corpus le dit.

Geaifrier — Le schnock le dit.

Lodoque — Éperdument moderne, le fourreau dégainé à la main, l'ampleur adroite épile le dos du cave.

Geaifrier — Au scandale! La rumeur trébuche et se volatilise.

Lodoque — Paix. Quiet.

Geaifrier — Je souffre.

Lodoque — L'Oxford bonnet dissèque en fédora Joli tambour égosillé.

Geaifrier — Au scandale! Au scandale! Au scandale! Au scandale! Au scandale! Au scandale! Au scandale!

Lodoque — Fille, que tiens-tu dans tes culottes? que tords-tu dans tes culottes? Ah! la graine!

Geaifrier — Oh crie, oh crie, crie vers la muraille démarcale la marquise disséminée de bois blanc, crie, oh crie, oh crie, et tais-toi.

Lodoque — Le shah dessert le chat.

Le chat — Je souffre.

Geaifrier — Fauvette végétale, à quand le rendez-vous discret, la douce augure frimale où ta fragilité et mon empressement se puissent fondre en un duo floréal, te crever les yeux.

Lodoque — Les cerceaux visitent ton cerveau, et le mien leur barre la portière.

Geaifrier — Preuve que nous sommes conscients.

Lodoque — Absalon.

Geaifrier — Salom.

L'horloge — Abolition!

Lodoque — Au vote!

Geaifrier — La fondation du tracteur grince. Chenille sur les marais. Ce coin de satin noir ne suffira pas à cacher la bouche de votre aisne vestimentaire!

Lodoque — Nous sommes deux et il vous faut une majorité pour gagner, je suis contre vous.

Geaifrier — Madame, je peur l'appétit.

Lodoque — À vos pieds, sénorine, mais le devoir redresse les apôtres fléchis.

Geaifrier — Le constable ne devrait pas faire des grimaces à la fille de table avec sa verge enflée qui a les oreillons.

Voix de femme — J'ai beurre.

Geaifrier — Crouac! Crouac! Soutenons les cuisses poilues et abolissons l'ardoise de guêtre. Il fuit, il fuit! le fils de Socrate, il donne la main à son ombre le long du canal. Le long du canal, il tâte son ombre, le long du canal ils étaient un, ils sont devenus deux.

Lodoque — Le brouet pour les danses catalanes! il nous faut les nombrils trémoussants, il nous faut la polka des nombrils réglée par la température des viscères.

Geaifrier — Ainsi soit-il. Il nous faut l'orgue et l'odéon des vertèbres.

Lodoque — Et la matrice inspirée du lavabo épinglé.

Le chat — Je souffre.

Geaifrier — Liszt ne sera pas, Liszt ne sera plus. Cours chez la boulangère et mêle malicieusement le saucisson au pain. La bonne dame t'offrira merci et le fer lessivé de son cheval.

Lodoque — Ram! Ram!

Geaifrier — Approche ton dos, approche les gâteaux blonds de tes fesses!

Lodoque — Lolita!

Le chat — Je souffre.

Geaifrier — Au scandale! Au scandale! Pourtant la tâche nous ramène à la solennité.

Lodoque — Il est d'usage de tuer en haut-de-forme.

Geaifrier — Redevenons graves comme des bouffons, il n'est plus séant que nous soyons gais lurons comme des croque-morts.

Lodoque — Tatouons le front de la femme par distraction.

Geaifrier — Pirates, pirates, attention, et vous aussi, mercenaires. Picasso ne sera plus Picasso, il sera la boule de cuivre au terme de mon escalier à ma porte. Des réjouissances seront organisées, la femme dodue laissera voir dans son corset pour cinq sous, la boule de cuivre me sourira dussé-je baisser la tête de honte.

Lodoque — Yes, pal.

Geaifrier — Passe-moi l'aspirateur d'air frais. L'esprit de finesse étouffe.

Lodoque — En haut, les fronts, en haut vers la spirale d'or bleu. Mais ils retombent dans la pâte comme des goitres évadés.

Geaifrier — Pipine l'a dit.

Lodoque — Laissez mourir ce dieu qui vous a tant aimés. Il faut teindre en rose ces voiles qui vous ont tant léchés.

Geaifrier — Pipine l'a dit.

Lodoque — Au boulot!

Geaifrier — Les enfants qui ne sont plus des enfants doivent se couvrir de longues culottes. On ne tolérera pas que des petits pâtés de sable soient faits par des adultes. On ne le tolérera pas. On les conduira sous la guillotine des plumes. Des plumes de paon. Si vous songez à respirer, offrez d'abord votre révérence aux cuves de dinosaure. Dino, dino. C'est vrai, j'oubliais. N'oublie plus, frère.

Lodoque — Le rouage broie les sentinelles de paille. Pas les culs bien garnis. Pas l'hostellerie de la faune.

Geaifrier — Tu mourras. Que veux-tu? les lois fixées sont générales, du solennel nous passerons tous au triste.

Voix du facteur — Une lettre pour le chat écartelé!

Geaifrier — Ce n'est pas ici. Une lettre ne nous concerne pas. Pas de lettre!

Voix de mozo-amac — Pour être compris en quelle langue faut-il parler?

Geaifrier — En ustakan.

Lodoque — Pour la circonstance du solennel tous au triste.

(Le chat devenu homme demeure muet.)

Geaifrier — C'est égal, je récolterai l'envie du hoquet et la lassitude de la pénombre. Parle au bon Samaritain, ton hospitalier conseil.

Lodoque — Une farce!

Geaifrier — La manie de dire la vérité pour être cru!

Lodoque — Pif!

Geaifrier — Dis-le à Solon, dis-le à Solon, nous écoutons tous. Finies les croûtes de groseilles, et les pléiades de maricoco!

Lodoque — La fin recommence, la fin recommence.

Geaifrier — La fin recommence. La violence grouille, elle grimace de méchanceté ou de douleur, de méchanceté sans doute, elle progresse en rond, elle traîne lourdement, comme un coquin gras puni au bagne, son déplacement aigu nous fait grincer des dents, tous nous la trouvons hideuse.

Lodoque — Tous!

L'horloge — Résignation!

Tous les objets existants de la terre — Résignation!

(On devient conscient du défilé interminable d'hommes qui se suivent, tous semblables, indifférents et corrects, liés l'un à l'autre par une mince et délicate chaîne aux poignets.)
(On entre l'ancien Chat au hasard pamis la chaîne humaine.)

Geaifrier — C'est la vie! C'est la rançon de la sécurité.

Le bois du plancher sur lequel la chaîne humaine marche — Peut-être.


FIN

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